Les voyages
Éternelle Italie
« Rien dans l’univers ne peut être comparé au charme de ces jours brûlants d’été passés sur les lacs du Milanais, au milieu de ces bosquets de châtaigniers si verts qui viennent baigner leurs branches dans les ondes » (Rome, Naples et Florence).
Derrière son titre trompeur, cette œuvre est un journal de voyage à travers plusieurs villes italiennes, notamment Milan et Bologne, qui occupent la majorité de l’ouvrage. Dans ce « recueil de sensations », Stendhal préfère à la description des monuments celle des mœurs des habitants. Pour la première fois, il utilise son pseudonyme, « M. de Stendhal », emprunté à une ville allemande, et introduit le mot « égotisme ». Dans sa nouvelle version de 1826, l’auteur allège son titre en supprimant la mention de l’année 1817, rendant alors sa construction encore plus mélodieuse.
C’est une véritable passion « charnelle », remontant à l'enfance, que Stendhal éprouve pour « la patrie de l’oranger », sa « cara Italia », où, dit-on, cet arbre pousse en pleine terre. Avec un goût prononcé pour la nature, formé par ses lectures de l'Arioste, il découvre ce pays dans le sillage de Napoléon, simultanément à la musique de Cimarosa ; dès lors, il ne souhaite plus que « vivre en Italie et entendre de cette musique. »
Sa carrière l’amène à faire plusieurs allers-retours entre cette terre promise et d’autres contrées. Milan reste sa ville préférée, tandis que Rome ne lui plaît que plus tardivement et qu’il s’ennuie à mourir durant son consulat à Trieste puis à Civitavecchia. « Une émotion de curiosité que rien ne peut arrêter pousse le voyageur à parcourir en entier le Forum » (Promenades dans Rome).
« C’est […] dans une vallée assez peu large, dessinée par des montagnes pelées, et tout contre la colline qui la borne au midi, qu’on a bâti Florence. Cette ville qui, par la disposition des rues, ressemble assez à Paris, est placée sur l'Arno comme Paris sur la Seine » (Rome, Naples et Florence).
« Deux heures sonnent : le Vésuve est en feu ; on voit couler la lave. Cette masse rouge se dessine sur un horizon du plus beau sombre. Je demeure trois quarts d’heure à contempler ce spectacle imposant et si nouveau, perché à ma fenêtre au septième étage. » (Rome, Naples et Florence).
Observateur du caractère italien, des événements politiques, des villes parcourues, l'écrivain trouve dans ce pays, outre la passion amoureuse, l’inspiration pour rédiger quelques-unes de ses plus belles œuvres. Pour Stendhal, règnent sans partage en Italie beauté, bonheur, volupté et arts.