La politique
Sous les ailes impériales
Les cousins Daru sont indissociables de l’engagement d’Henri Beyle dans l’armée, où son ascension est continue et rapide. La carrière de Pierre Daru, comte d’Empire en 1809, suivit celle de Napoléon. C’est grâce à ce puissant protecteur que le jeune Henri Beyle rentra dans le sillage de Napoléon. Stendhal, qui vécut près de lui de 1800 à 1814, reconnaissait ses grandes qualités, mais il était contraint d’ajouter que nul caractère n’était plus incompatible avec le sien.
Les campagnes militaires sont pour lui l’occasion de découvertes inoubliables et d’appropriations diverses dont il remplit les plus belles pages de son journal de voyage tenu jusqu’aux pires heures de la retraite de Russie. « Je vécus la pire des épreuves… une expérience marquée d’horreurs impossibles à présenter au public. » (Journal, 14-15 septembre 1812).
« Nous sortîmes de la ville, éclairée par le plus bel incendie du monde, qui formait une pyramide immense qui était comme les prières des fidèles : la base était sur la terre et la pointe au ciel. » (Journal, 4 octobre 1812).
Du Grand-Saint-Bernard à Milan, où se révèle le bonheur, il vit une étape majeure en franchissant les Alpes. « Excepté pour le moral […] j’arrivais donc au S[ain]t-Bernard poule mouillée complète. […] À chaque pas tout devenait pire. » (Vie de Henry Brulard).
De 1806 à 1808, dans la ville provinciale de Brunswick où il est fonctionnaire de l’intendance, Stendhal trouve un peu d’agrément dans la rédaction de son journal de voyage. À environ 150 km de là, la ville allemande de Stendal lui inspirera son nom de plume.
Stendhal admire Bonaparte, le jeune général révolutionnaire audacieux, le conquérant énergique et glorieux qui libère l’Europe. Son enthousiasme est plus nuancé lorsqu’il s’agit de l’empereur qui se conduit en despote.
Deux ébauches de biographie de Napoléon restituent son témoignage. Stendhal prend la plume pour défendre le Premier Consul : « l’être le plus admirable par ses talents qui ait paru depuis César… ». En pleine période de réaction royaliste, l’ouvrage est polémique. Commencé en mai 1817 à Milan, ce récit historique restera inachevé.
Stendhal, l’ancien serviteur du régime impérial nommé consul de France à Civitavecchia, célèbre sans arrière-pensée « l’être le plus grand qui ait paru depuis César ».