Les femmes
Les femmes italiennes et « l’amour passion »
En 1800, Stendhal arrive à Milan et rencontre Angela Pietragrua. Aussitôt il rêve de conquérir cette femme « brune, superbe, voluptueuse », rêve concrétisé en 1811. Commence alors une liaison mouvementée, interrompue par le départ de Stendhal pour la douloureuse campagne de Russie. Le souvenir d’Angela occupe toutes les pensées de Stendhal, rentré à Paris. Pour s’en distraire, il commence la rédaction d’une Histoire de la peinture en Italie à l’aide de notes prises durant son séjour italien. En juin 1812 douze volumes sont composés. Il dédie le dernier « To Milady Angela G. »
À son retour, il retrouve sa maîtresse. Mais la « terrible » Angela multiplie les caprices ; brouilles et réconciliations se succèdent. Il décide de rompre et, désespéré, pense au suicide.
Il doit encore résister à « la tentation de se brûler la cervelle » lorsqu’en 1821, il prend congé de Métilde Dembowski, pour qui, depuis trois ans, il nourrit une folle passion. Il oublie sa timidité, multiplie les maladresses. « Mon amour propre, mon intérêt, mon moi avaient disparu en présence de la personne aimée. J’étais transformé en elle », écrit-il. Ce sentiment dévastateur donne naissance à son essai De l’Amour, où il décrit le phénomène de « cristallisation » amoureuse.
« Je vous aime » déclare à Stendhal en 1830 Giulia Rinieri, ce qui lui procure « plus d'étonnement que de plaisir » ; quelques jours après, elle ajoute : « Je sais bien et depuis longtemps que tu es laid et vieux » et devient très vite sa maîtresse. Depuis Trieste où il a été nommé consul, Stendhal adresse une demande en mariage au tuteur de la jeune femme qui refuse. Cela n'empêchera pas dix années de bonheur clandestin. « Il n’y a que les femmes à grand caractère qui puissent faire mon bonheur. » Stendhal avoue que de toutes celles qu’il a aimées, « Giulia [l’a emporté] ce me semble par la force du caractère, tandis qu’au premier moment elle semblait la plus faible.»
« Paris, 23 janvier 1830. […] I speak with […] Si[enne], qui me ramène. Never so bonne. Comment expliquer cette bonté ? » (Journal).
Stendhal tombe sous le charme de ce pays où les orangers poussent en pleine terre. Cette découverte lui procure le bonheur et l’Italie restera à jamais sa terre d’élection. Le récit du premier voyage à Milan clôt le manuscrit de la Vie de Henry Brulard, alias Henri Beyle. « Cette ville devint pour moi le plus beau lieu de la terre. »