Les arts

La peinture, nourriture de l’âme

 

Stendhal a toujours ressenti la peinture. Il attend une émotion d’un tableau et ne le trouve beau que s’il satisfait son œil et touche son âme. Recherchant la peinture des passions, il n’est jamais aussi heureux que lorsqu’il en saisit l’expression. Les peintres italiens sont ses préférés. Il vénère Raphaël mais Le Corrège, qui lui donne des plaisirs tendres, a sa prédilection. Il vibre à la douceur et à la tristesse de Vinci.

 

La Cène, croquis de Stendhal, extrait du manuscrit Recueil factice, R.5896 (15) Rés., folio 175 verso
La Cène
Recueil factice des œuvres diverses de Stendhal, R.5896 (15) Rés., folio 175 verso

 

Stendhal est tombé sous le charme de la fresque de la Cène réalisée par Léonard de Vinci, qui se trouve au couvent de Sainte-Marie-des-Grâces à Milan. Il n’a pas pu s’empêcher d’en faire un petit croquis à la plume dans l’un de ses manuscrits, fidèle à sa manie de griffonner. « J’ai vu dans mes voyages environ 40 copies de la Cène de Léonard. Au total, la gravure de Morghen me convient beaucoup mieux. » (Journal, 11 mars 1808)

 

Il adore le clair-obscur qui l’invite à la rêverie. Son amour pour les arts nourrit son œuvre littéraire et lui inspire l’Histoire de la peinture en Italie, écrite pour des âmes sensibles comme lui : fidèle aux préceptes des Idéologues, il leur enseigne l’art de sentir.

 

Du Beau Idéal Moderne, intertitre calligraphié sur une copie de Histoire de la peinture en Italie, R.289 (14) Rés., p. 268
Du Beau Idéal Moderne,
intertitre calligraphié sur une copie de Histoire de la peinture en Italie,
R.289 (14) Rés., p.268

 

Stendhal travailla avec enthousiasme à ce manuscrit pendant 6 ans avant qu’il ne voie le jour en 1817 après maints avatars et maintes retouches. Il s’attira des critiques pour s’être beaucoup inspiré des meilleurs historiens de l’art. Publiée à compte d’auteur, l’Histoire de la peinture en Italie n’eut aucun succès. Ce livre s’est néanmoins révélé comme un véritable manifeste pour une nouvelle théorie des beaux-arts. Stendhal rejette en bloc les canons classiques de l’art et prône un idéal de beauté fait pour les hommes de son époque.

 

L’Histoire de la peinture en Italie est prévue, au départ, pour embrasser toutes les écoles italiennes. Mais l’auteur, peut-être fatigué par l’énergie qu’elle lui a coûtée, n’évoque que l’école de Florence avec deux importants chapitres sur Léonard de Vinci et Michel-Ange.

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