La politique
Le roman en miroir
La Restauration marque le retour des Bourbons sur le trône de France. La monarchie soumet la presse à la censure. Les militants ultra-royalistes et les tenants de la religion complotent pour secourir la monarchie.
« Après la lumière, on a eu la boue ». Ayant perdu ses titres et ses fonctions, Stendhal part pour Milan, l’anti-Grenoble, d’où il sera chassé en 1821. Dès lors, il va traiter de l’actualité politique qu’il suit au jour le jour et manger du jésuite. L’obscurantisme triomphe après le règne des Lumières et avec lui les ennemis de la civilisation selon Stendhal, plus attaché à la liberté qu’à une forme de gouvernement en particulier.
Avec la Restauration revient au pouvoir la monarchie des Bourbons dans « un pays sans gloire » où les lois piétinent la liberté. Leur entreprise politique est obscurantiste, elle éteint le feu des lumières de la révolution. « La Haine des tyrans a été ma plus forte passion après l’amour et la gloire » (Journal). L’actualité devient sa principale source d’inspiration et, le temps d’une chronique, il décrit les rouages de la vie politique sous Louis-Philippe avec plus de minutie qu’un traité de droit constitutionnel.
« Le plus fripon des kings » (Vie de Henry Brulard) est la cible de choix des journaux satiriques de l’époque. Le caricaturiste représente ici le roi Louis-Philippe au milieu de personnages corrompus qui symbolisent le régime : ceci valut au journal l’arrêt définitif de la censure.
Dans Lucien Leuwen, roman inachevé composé entre 1834 et 1836 et publié après la mort de l’auteur, le lecteur plonge dans la réalité du régime de la monarchie de Juillet. Cette œuvre d’imagination est un véritable manuel d’art politique.
Par tempérament, Stendhal oscille constamment entre des partis opposés : il se plaît à comparer les systèmes politiques mais ne s’éloigne jamais de la connaissance du cœur humain qui demeure son principal centre d’intérêt.
« Notre ennemi, c’est notre maître » : ce vers de La Fontaine séduit Stendhal (Lettre à Pauline, 22 août 1805). Stendhal est en définitive indifférent à la forme de gouvernement. La seule chose qu’il considère, c’est la somme de liberté qui lui est accordée. Bonheur et liberté sont une seule et même entité.
Cet exemplaire de La Chartreuse de Parme comporte un envoi autographe de Stendhal à Romain Colomb, « le meilleur des amis et des collaborateurs ».