Les voyages
Au pays de Shakespeare
« Le jour, j’errais dans les environs de Londres […]. Rien n’est égal à cette fraîcheur du vert en Angleterre et à la beauté de ses arbres […]. La vue de Richmond, celle de Windsor, me rappelaient ma chère Lombardie, les monts de Brianza, Desio, Como, […] beaux pays où sont placés mes beaux jours » (Souvenirs d’égotisme).
Bien qu’il ait toujours éprouvé de la curiosité pour l’Angleterre, Stendhal ne consacre aucune œuvre majeure à ce pays, où il se rend par trois fois entre 1817 et 1826, à Londres puis dans le nord de la contrée. Il s’intéresse aux mœurs de « cette nation originale et passionnée », dont il connaît la langue – à l’origine des nombreux anglicismes qui émaillent son œuvre – et se réjouit de voir jouer Shakespeare, « le seul écrivain lisible » à ses yeux. Aux monuments qui ne le touchent guère, il préfère de longues promenades dans la campagne.
Durant sept ans, il assure une collaboration à la presse anglaise, fournissant des textes portant sur la vie littéraire, politique et morale de la France de la Restauration, et se faisant le reporter de la réalité française. Mais si des journaux comme The New Monthly Magazine ou Paris Monthly Review accueillent ses articles, il ne parviendra pas à en publier dans la célèbre Edinburgh Review.
« Col[burn] a écrit le 2 février […] qu’il ne voulait pas continuer pour 1827. 2° Qu’il considérait ces articles comme des suppléments aux envois de 1826 […]. Pourriez-vous faire marché avec quelque autre revue for the said communications ? »
Dans l’esprit et dans l’œuvre de Stendhal, qui se plaît à opposer le nord et le sud, l’Angleterre sera perpétuellement comparée à l’Italie. « […] je sentis sur-le-champ le ridicule des dix-huit heures de travail de l’ouvrier anglais. Le pauvre Italien tout déguenillé est bien plus près du bonheur » (Souvenirs d’égotisme).
Critique mordante de l'attitude des voyageurs anglais en Italie et regard sur la société romaine contemporaine, le texte Les Anglais à Rome fait partie d’une série de sept lettres, Lettres de Rome, écrites par Stendhal entre 1824 et 1826, et qui furent traduites et publiées dans la presse anglaise. L’écrivain l’utilisera ultérieurement pour ses Promenades dans Rome publiées en 1829.
« L’époque de la perte totale de la liberté en Angleterre, n’est autre que le jour de la bataille de Waterloo. C’est alors que les nobles et les riches de toute espèce ont définitivement signé un traité d’alliance offensive et défensive contre les pauvres et les travailleurs » (L’Italie en 1818).