Cadet
Jean-François Champollion naît le 23 décembre 1790 à Figeac-en-Quercy dans le Lot. Cadet d’une famille de sept enfants, il est très proche de son frère Jacques-Joseph, son aîné de douze ans, qui est aussi son parrain.
Jean-François, appelé « Cadet » par sa famille, a un teint mat, un caractère à la fois contemplatif, impétueux et tenace. Ses contemporains ont souvent dit de lui qu'il avait un physique « oriental », sans doute à cause de son abondante chevelure noire et de ses yeux en amande, mais certainement aussi à cause de sa maîtrise des langues orientales, en particulier de l'arabe.
Jacques-Joseph prend le nom de Champollion-Figeac dès son arrivée à Grenoble, sans doute pour se distinguer de ses cousins dauphinois. Fin de traits, souple, aimable de tempérament, il s’allie aisément la sympathie de ceux qui l’entourent. Une relation quasi-gémellaire l'unit à Jean-François tout au long de sa vie.
Les ancêtres paternels de Jean-François Champollion sont dauphinois, originaires de Valbonnais. Son arrière-grand-père Claude, habitant de Valjouffrey au hameau des Faures, dans la vallée escarpée de la Bonne, est agriculteur et colporteur.
Son père Jacques Champollion, né à La Roche, face à Valbonnais, unique bourg de cette contrée isolée, choisit la route et le commerce ambulant des livres, avant de s’établir comme marchand libraire à Figeac.
Jean-François, élève médiocre et indiscipliné à l’école, est confié à un précepteur qui ne tarde pas à découvrir son intelligence précoce et sa soif de connaissances. À 20 ans, Jacques-Joseph part s’installer à Grenoble où il travaille comme commis dans la maison de négoce de ses cousins dauphinois. De là, il suit de près la scolarité de son jeune frère, qu’il encourage sans relâche, comme en témoignent ses nombreuses lettres.
"Puisque tu me fais l’aveu que ton esprit est volage, tu dois tâcher de lui donner un peu de constance. N’oublie jamais que le temps perdu est irréparable, applique-toi bien à tes devoirs."
Cette correspondance entre les deux frères se poursuit tout au long de leur vie.
Étudiant lui-même les lettres et les langues anciennes, Jacques-Joseph s’intéresse à l’archéologie et aux manuscrits anciens, intègre les cercles savants grenoblois et se constitue une bibliothèque conséquente pour étudier l’histoire et les langues. En mars 1801, Jacques-Joseph fait venir Jean-François auprès de lui afin de prendre en charge son éducation et de lui offrir un milieu plus favorable.
Au début du 19e siècle, Grenoble, foyer intellectuel, possède sa société savante, sa bibliothèque, son musée et son jardin des plantes. Jean-François loge dans le deux-pièces de son frère, près de la place Grenette. Solitaire, il travaille souvent dans la chambre-bibliothèque de son aîné, y découvre des livres rares et déjà une langue étrange qui l’attire : l’hébreu. Il se montre curieux et passionné, et excelle tout particulièrement dans l’étude des langues. Jacques-Joseph lui donne des leçons particulières et l’inscrit dans une école privée. Jean-François entre à l’âge de onze ans dans la très réputée école secondaire privée de l’abbé Dusser, prêtre assermenté venu de La Mure.
Discipliné, il y étudie le français, le grec et le latin, puis obtient à l’âge de treize ans l’autorisation exceptionnelle d’apprendre en plus l’hébreu, l’arabe, le syriaque et le chaldéen. En 1802, Jean-François est inscrit à l’École centrale pour suivre des cours facultatifs de botanique et de dessin auprès d’éminents professeurs, Dominique Villars et Louis-Joseph Jay. Il y développe son sens de l’observation et ses talents de dessinateur.