Le palais du Parlement

 

Un édifice emblématique de la justice et du Dauphiné

 

Sur la place Saint-André, s’élève l’un des trésors de Grenoble : le palais du Parlement. La valeur patrimoniale de ce lieu tient tant au prestige de l’institution qu’il a abritée, qu’à la qualité de son architecture. L’édifice actuel est le fruit d’une longue évolution et de différentes phases de construction qui s’étendent de la fin du Moyen Âge à la fin du XIXe siècle. Il est aujourd’hui protégé Monuments historiques.

 

Le palais du Parlement avant la construction de l'aile droite, dessin d’Alexandre Debelle, Hd.665 (3) Rés.
Le palais du Parlement avant la construction de l'aile droite
Dessin d’Alexandre Debelle
Hd.665 (3) Rés.

 

La façade du palais du Parlement est le fruit de trois campagnes de construction. La partie gothique, la plus ancienne située au centre, date de la fin du XVe siècle. Elle comprend la chapelle et la porte d’entrée. L’aile droite, en pierre grise, est élevée dans le style Renaissance au cours du XVIe siècle. La construction de l’aile gauche, en pierre blonde, intervient à la fin du XIXe siècle et reprend l’allure de la partie droite.

 

Palais de justice restauré, cliché Emile Duchemin, Pv 13x18 Duchemin O.b9
Palais de justice restauré
Photographie d'Emile Duchemin
Pv 13x18 Duchemin O.b9

 

Le Parlement de Dauphiné, créé en 1453, est une cour chargée de rendre la justice au nom du roi. Le droit n’étant pas encore unifié à l’échelle du royaume de France, cette cour enregistre également les décisions royales après avoir vérifié leur compatibilité avec le droit local de la province. Sa présence confère à la ville le rôle de capitale du Dauphiné.

 

Palais de justice restauré, cliché Emile Duchemin, Pv 13x18 Duchemin O.b9
Registre delphinal, par Mathieu Thomassin, U.909 Rés., folio 205 recto

 

Le dauphin Louis II, futur roi Louis XI, crée le Parlement de Dauphiné en 1453. Il charge le juriste lyonnais Mathieu Thomassin de dresser un recueil des droits, privilèges et libertés de la province. Le Parlement, tout en étant le relais de la justice du roi, veille à la compatibilité des actes royaux avec le droit local et se pose ainsi en défenseur de la province. Ce manuscrit a appartenu à un président du Parlement, Claude Expilly (1561-1636). Magistrat et poète, il est avocat général puis président du Parlement de Dauphiné. Bibliophile, il réunit de nombreux ouvrages. Certains d’entre eux, acquis par l’évêque de Grenoble Jean de Caulet, font partie des premières collections de la bibliothèque.

 

Mandrin, gravé par Petit, Pd.1 Mandrin (25)
Mandrin
Gravure de Petit
Pd.1 Mandrin (25)

 

Louis Mandrin est un célèbre contrebandier qui sévit sous le règne de Louis XV, au début du XVIIIe siècle. À la tête d’un important groupe, il agit sur les routes du Dauphiné, de la Franche-Comté et de la Bourgogne et défie l’armée du roi ainsi que les fermiers généraux chargés de collecter l’impôt. Il est condamné en 1755 à Valence à la peine la plus infamante, le supplice de la roue. Sa mort marque le début d’une légende, celle d’un bandit défiant les riches et l’injustice pour défendre les pauvres. Plusieurs de ses compagnons de route sont arrêtés quelques mois plus tard. Le Parlement de Grenoble est chargé de leur procès et de leur condamnation.

 

Un avocat et son client, dessin de Diodore Rahoult, R.90513 (2) (14) Rés.
Un avocat et son client
Dessin de Diodore Rahoult
R.90513 (2) (14) Rés.

 

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, l’activité du parlement constitue la principale ressource économique de la cité et les membres du parlement dominent la société grenobloise. Leur position, liée au fait qu’ils sont issus de l’ancienne noblesse foncière ou récemment anoblis, se fonde aussi sur la conviction partagée par tous les habitants que la prospérité de la ville repose sur la présence du Parlement.

 

Bathélémy d'Orbanne, avocat au Parlement, dessin d’Alexandre Debelle, R.90558 (15) Rés.
Bathélémy d'Orbanne, avocat au Parlement
Dessin d’Alexandre Debelle
R.90558 (15) Rés.

 

Garcin du Verger, avocat au Parlement, dessin d’Alexandre Debelle, Pd.43 Garcin du Verger (1) Rés.
Garcin du Verger, avocat au Parlement
Peinture d’Alexandre Debelle
Pd.43 Garcin du Verger (1) Rés.

 

Le 7 juin 1788, la journée des Tuiles traduit bien l’attachement des Grenoblois à cette institution. Par des jets de tuiles, ceux-ci s’opposent au départ des parlementaires exigé par la monarchie suite à leur refus d’enregistrer une décision royale. Après la dissolution du Parlement en 1790, le bâtiment devient le tribunal jusqu’à son départ en 2002.

 

Le Rouge et le Noir, par Stendhal, V.13688 (1) Rés.
Le Rouge et le Noir, par Stendhal, V.13688 (1) Rés.

 

Le séminariste Antoine Berthet, sous l’emprise de la passion, tente d’assassiner Madame Michoud de la Tour, à coups de pistolet tirés dans une église. Stendhal s’inspire de cette tentative d’homicide et invente, dans Le Rouge et le Noir, le nouveau héros moderne : Julien Sorel. Celui-ci présente des ressemblances frappantes avec Antoine Berthet : un jeune homme se sentant humilié par sa condition sociale. Berthet, condamné à mort par la cour d’assises de l’Isère, est exécuté sur la place Grenette le 23 février 1828.

 

Palais de justice : porte de la partie ancienne, cliché Emile Duchemin, Pv 13x18 Duchemin O.b10
Palais de justice : porte de la partie ancienne
Photographie d'Emile Duchemin
Pv 13x18 Duchemin O.b10

 

L’édifice a été le siège de la justice pendant plus de cinq cents ans. L’appellation familière « Place du Trib » pour désigner la place Saint-André conserve la mémoire de cette occupation séculaire des lieux.

 

Palais du Parlement. Photographie de Sylvain Frappat. Ville de Grenoble
Palais du Parlement
Photographie de Sylvain Frappat/Ville de Grenoble

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