Le jardin de ville

 

Le premier jardin public de la ville

 

Créé au début du XVIIe siècle, le Jardin de Ville est le premier et le plus vieux jardin public de Grenoble. À l’origine, il s’agit d’un jardin privé et aristocratique conçu pour agrémenter l’hôtel particulier du duc de Lesdiguières, alors gouverneur du Dauphiné. Ses descendants, les Villeroy, décident de le mettre en vente en 1719. La Ville l’acquiert pour le protéger des spéculations immobilières.

 

Plan de l’hôtel et jardin de Villeroy, dessiné par Bon Doucet, R.7815
Plan de l’hôtel et jardin de Villeroy, dessiné par Bon Doucet, R.7815

 

L’organisation générale du jardin a peu évolué depuis le début du XVIIIe siècle. Au nord, le parterre, dessiné comme un jardin à la française, côtoie le « bois » au sud largement ombragé. À l’ouest, la terrasse ou l’allée des marronniers, bordée d’une balustrade en pierre de Sassenage, ferme l’espace. En 1886, le kiosque actuel est installé et la partie boisée est redessinée suivant la mode des jardins à l’anglaise. Cet aménagement disparaît dans l’entre-deux-guerres.

 

Projet de kiosque pour la musique pour le Jardin de Ville, Cd.735 (2)
Projet de kiosque pour la musique pour le Jardin de Ville
Cd.735 (2)

 

Le Jardin de Ville : le kiosque à musique, cliché Emile Duchemin, Pv 13x18 Duchemin O.c1
Le Jardin de Ville : le kiosque à musique
Photographie d'Emile Duchemin
Pv 13x18 Duchemin O.c1

 

Avant son achat par la Ville, le jardin est déjà un lieu de sociabilité important pour les habitants. Il leur offre un lieu de promenades à l’intérieur de l’enceinte de la cité ainsi qu’un espace de représentation pour voir et se montrer. Si plusieurs poètes louent la fraîcheur apportée par ses arbres, les auteurs le décrivent régulièrement comme un endroit propice aux rencontres ainsi qu’en attestent les lignes de Stendhal dans Vie de Henry Brulard.

 

Vie de Henry Brulard, par Stendhal, R.299 (2) Rés., folio 366 verso
Vie de Henry Brulard, par Stendhal, R.299 (2) Rés., folio 222 recto

 

Ce dessin est un plan du Jardin de Ville tracé par Stendhal depuis la terrasse de l’appartement de son grand-père, le docteur Gagnon. La partie ouest du jardin, bordée d’une « allée de marronniers de 90 pieds », sert de cadre à un épisode important de sa jeunesse. Virginie Kubly, actrice et chanteuse d’opéra-comique, inspire une violente passion au jeune et timide Henri âgé de quinze ans. Sur le plan, l’actrice s’avance depuis le fond du jardin jusqu’au théâtre localisé en « O ». L’annotation « H-moi » marque le lieu d’une opportunité de rencontre manquée et matérialise « la fuite [de Stendhal], comme si le diable l’emportait » face à Mademoiselle Kubly.

 

Stendhal, par Pierre-Jean David d'Angers, Musée Stendhal, n°597
Stendhal, par Pierre-Jean David d'Angers, Musée Stendhal, n°597

 

Ce profil de Stendhal, réalisé par David d’Angers, a été envoyé par l’auteur à Louis Crozet qui le lègue à sa mort à la bibliothèque. Fréquentant régulièrement les salons du Baron Gérard, peintre du roi, Stendhal se lie d’amitié à Paris avec de nombreux artistes et souhaiterait que l’un d’eux fasse son portrait. C’est grâce à David d’Angers qu’il obtient enfin en juillet 1829 son profil coulé en bronze. Le médaillon de la stèle située au Jardin de Ville a été réalisé par Auguste Rodin à partir de ce profil. La ville de Grenoble acquiert ce médaillon en 1919 et l’installe en 1968.

 

Le Jardin de Ville, par John Claude Nattes, R.8901 (18) Rés.
Le Jardin de Ville
Dessin de John Claude Nattes
R.8901 (18) Rés.

 

À l’image des bals et des foires organisés aux XVIIIe et XIXe siècles, le jardin accueille aujourd’hui différentes manifestations, notamment pendant la période estivale. La permanence des formes et des usages du Jardin de Ville en fait un site patrimonial inévitable de la ville.

 

Jardin de ville. Photographie de Sylvain Frappat. Ville de Grenoble
Jardin de ville
Photographie de Sylvain Frappat/Ville de Grenoble

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