Le dessinateur de presse : un artiste-journaliste ?
Jusqu’au 20e siècle, les dessinatrices et dessinateurs de presse se considèrent avant tout comme des artistes. Ils ne sont jamais certains d’être publiés, et il n’est pas toujours aisé de se démarquer de ses confrères. Toutefois, cette communauté d’artistes, très portée sur l’autodérision, est solidaire. Issus de formations aux beaux-arts, ils vendent leurs dessins à la presse pour gagner leur vie. Ils glissent dans leurs dessins de nombreuses références culturelles et artistiques.
Ils cherchent à se faire comprendre du plus grand nombre en utilisant des symboles et images culturels connus, tels que la figure de Marianne ou issues de contes et dessins animés.
Plus récemment, l’esthétique de la bande dessinée a envahi leurs dessins.
Certains artistes, à l’image d’André Gill ou d’Alfred Le Petit, n’hésitent pas à fonder leurs propres revues, tout en continuant de proposer leurs dessins à d’autres titres de presse.
À partir des années 1920, la distinction entre reconnaissance artistique et journalisme s’estompe. Les artistes deviennent des journalistes et obtiennent le statut professionnel en 1935 : ils peuvent désormais obtenir une carte de presse.
Cette profession reste cependant précaire. Les dessinateurs et dessinatrices de presse sont ainsi, pour la plupart, payés « à la pige ». Ils présentent chaque semaine leurs œuvres aux rédactions, sans assurance d’être sélectionnés. Très peu de professionnels parviennent à obtenir des contrats avec les grands journaux, à l’exemple de Plantu et ses 50 ans de dessins pour Le Monde.
« Un dessin réussi prête à rire. Quand il est vraiment réussi, il prête à penser. S’il prête à rire et à penser, alors c’est un excellent dessin. »
Tignous, propos recueillis par Adrien Majourel lors du Forum international des caricaturistes pour la paix et la liberté d’expression, 2010.