Le Roman de la Rose, un poème populaire du Moyen Âge

Ce manuscrit conservé à la bibliothèque de Grenoble est daté de 1500 environ. À cette date, l’imprimerie existe depuis une petite cinquantaine d’année déjà, mais cohabite encore avec les manuscrits, qui restent des supports largement utilisés pour diffuser les textes.

Le Roman de la rose, une des œuvres littéraires les plus populaires du Moyen Âge, est en réalité un long poème, écrit au 13e siècle. Il comporte deux parties, chacune d’un auteur différent : le premier, Guillaume de Lorris, y expose les principes de l’amour courtois (le respect de la femme et l’amour comme valeurs essentielles), et se veut une sorte de guide de l’art d’aimer ; le deuxième, Jean de Meung, propose un discours plus philosophique, annonçant les principes de l’humanisme, et plus satirique.

Le récit est très allégorique : l’Amant, héros du roman, atteint par l’Amour, part en quête de sa Rose, métaphore de la femme aimée. Des personnages lui font obstacle : Jalousie, Peur, Avarice ; d’autres l’aident : Bel-Accueil, Doux-Regard ou encore Franchise.

Les centaines de manuscrits conservés dans les bibliothèques européennes, datés du 13e au 16e siècle, témoignent de l’énorme succès de cette œuvre. Illustré de nombreux dessins à la plume légèrement colorés, ce manuscrit n’est pas le plus impressionnant des manuscrits de la Rose conservés en France, souvent très richement enluminés.

Moins précieux, il présente sans doute certains avantages pour son propriétaire d’origine : d’un format approchant de nos livres de poche contemporain, avec des marges importantes dans le texte, il se feuillette aisément, ne fait pas l’économie du papier ni des illustrations.

Abondantes, les illustrations suivent le récit de près. En partie réalistes, elles peuvent nous renseigner sur le mode de vie médiéval, comme ce château fort assiégé : l’Amant tente de libérer Bel-Accueil, enfermé par Jalousie, et gardé par Danger, Honte et Mal-Bouche (la médisance). D’autres relèvent de la complète invention comme cette charrette volante.

Ce manuscrit est également intégré à la plateforme Roman de la Rose Digital Library – Digital Library of Medieval Manuscripts (jhu.edu), un projet collaboratif de la Johns Hopkins University (USA) et de la bibliothèque nationale de France, visant à rassembler et comparer tous les manuscrits connus du Roman de la Rose.