Un livre d'heures entièrement enluminé à la feuille d'or
Support de la dévotion, le livre d’heures était un bréviaire pour les laïcs, à usage privé. S'inscrivant dans une tendance à l'individualisation de la pratique religieuse, le texte comprenait un calendrier des fêtes liturgiques ainsi que les prières selon les heures de la journée.
Dans le calendrier de ce livre d'heures daté du XVe siècle, une majorité de saints, caractéristiques de la liturgie parisienne, permettent de supposer que le livre à été fabriqué à Paris.
Ce manuscrit sur vélin est très richement enluminé. L’or est largement utilisé. Un décor de feuillages encadre toutes les pages. Quinze grandes miniatures d'une grande force expressive rythment le livre.
Dans cette enluminure, l’ange Gabriel annonce à la Vierge Marie la naissance du Christ. Marie accepte ce grand honneur d’avoir été choisie en croisant les mains sur sa poitrine. A l’arrière-plan, Dieu envoie le Saint-Esprit en forme de colombe vers Marie. En tant qu'illustration de la première des Heures de la Vierge, la décoration marginale est particulièrement riche.
Cette scène raconte la visite de la Vierge Marie, enceinte du Christ, à sa cousine Elisabeth, qui pose sa main sur le ventre de la future mère. Le décor représente la ville d’Elisabeth, située dans les montagnes de Judée.
Ici, le thème de la Nativité est représenté par un épisode plus rare que celui de l'Adoration de l'Enfant et à caractère quotidien : la préparation du bain. Jésus, bien calé sur ses coussins, s’apprête à prendre un bain que deux servantes préparent. En attendant, son père Joseph joue avec lui, pendant que sa mère Marie lit, agenouillée.
L’enluminure montre la fuite en Égypte de Joseph, Marie et Jésus, pour échapper au massacre des enfants innocents ordonné par Hérode Ier. Celui-ci veut tuer le futur roi des juifs, dont la naissance lui a été rapportée par les mages.
Ce manuscrit proviendrait d’un monastère de femmes de l’ouest de la France. Il a appartenu à Claude Expilly (1561-1636), magistrat au Parlement de Grenoble, puis à Monseigneur Jean de Caulet (1693-1771), évêque de Grenoble.
En 1772, les notables de Grenoble lancent une souscription pour acquérir la bibliothèque de plus de 34 000 volumes de l’évêque et la mettre à la disposition de tous les Grenoblois : c’est l’histoire de la bibliothèque publique de Grenoble qui débute.
Sources
JOCTEUR MONTROZIER, Yves (dir.). Mille ans d’écrits : trésors de la bibliothèque municipale de Grenoble. Grenoble : Glénat, 2000. 176 p.
ROUX, Céline. Le Livre d'Heures [Ms.]1003 de la Bibliothèque Municipale de Grenoble. Mémoire de maîtrise d'Art médiéval - Université des Sciences Sociales, Grenoble II - UFR d'Histoire de l'Art - 1996. 104 f.