La politique

Sous les ailes impériales

 

Les cousins Daru sont indissociables de l’engagement d’Henri Beyle dans l’armée, où son ascension est continue et rapide. La carrière de Pierre Daru, comte d’Empire en 1809, suivit celle de Napoléon. C’est grâce à ce puissant protecteur que le jeune Henri Beyle rentra dans le sillage de Napoléon. Stendhal, qui vécut près de lui de 1800 à 1814, reconnaissait ses grandes qualités, mais il était contraint d’ajouter que nul caractère n’était plus incompatible avec le sien.

 

Pierre Daru (1767-1829), huile sur toile de Mlle Géo Rémy (copie du tableau de David), XIX s., Musée Stendhal, n°214
Pierre Daru (1767-1829), huile sur toile de Mlle Géo Rémy
Musée Stendhal, n°214

 

Les campagnes militaires sont pour lui l’occasion de découvertes inoubliables et d’appropriations diverses dont il remplit les plus belles pages de son journal de voyage tenu jusqu’aux pires heures de la retraite de Russie. « Je vécus la pire des épreuves… une expérience marquée d’horreurs impossibles à présenter au public. » (Journal, 14-15 septembre 1812).

 

Incendie de Moscou, aquatinte de T. Sutherland d’après W. Heath, 1815. Musée Stendhal, n°298
Incendie de Moscou, aquatinte de T. Sutherland d’après W. Heath
Musée Stendhal, n°298

 

« Nous sortîmes de la ville, éclairée par le plus bel incendie du monde, qui formait une pyramide immense qui était comme les prières des fidèles : la base était sur la terre et la pointe au ciel. » (Journal, 4 octobre 1812).

 

Du Grand-Saint-Bernard à Milan, où se révèle le bonheur, il vit une étape majeure en franchissant les Alpes. « Excepté pour le moral […] j’arrivais donc au S[ain]t-Bernard poule mouillée complète. […] À chaque pas tout devenait pire. » (Vie de Henry Brulard).

 

Le fort de Bard, croquis de Stendhal extrait du manuscrit Vie de Henry Brulard, R. 299 (3) Rés., folio 397
Le fort de Bard
Vie de Henry Brulard, R.299 (3) Rés., folio 397 recto

 

De 1806 à 1808, dans la ville provinciale de Brunswick où il est fonctionnaire de l’intendance, Stendhal trouve un peu d’agrément dans la rédaction de son journal de voyage. À environ 150 km de là, la ville allemande de Stendal lui inspirera son nom de plume.

 

Coiffes de femmes allemandes, croquis de Stendhal extrait du manuscrit Voyage à Brunswick, R.5896 (18) Rés., folio 67
Coiffes de femmes allemandes
Voyage à Brunswick, R.5896 (18) Rés., folio 67

 

Stendhal admire Bonaparte, le jeune général révolutionnaire audacieux, le conquérant énergique et glorieux qui libère l’Europe. Son enthousiasme est plus nuancé lorsqu’il s’agit de l’empereur qui se conduit en despote.

 

Passage de la Bérézina, peinture de Langlois, gravure de G. Thevenon, dans Comte de Ségur, Histoire de Napoléon et de la grande armée en 1812, Paris, Houdaille, 1834, Mj.6373 (2)
Passage de la Bérézina, peinture de Langlois, gravure de G. Thevenon
Extrait de l'Histoire de Napoléon et de la grande armée en 1812, par le Comte de Ségur
Mj.6373 (2)

 

Deux ébauches de biographie de Napoléon restituent son témoignage. Stendhal prend la plume pour défendre le Premier Consul : « l’être le plus admirable par ses talents qui ait paru depuis César… ». En pleine période de réaction royaliste, l’ouvrage est polémique. Commencé en mai 1817 à Milan, ce récit historique restera inachevé.

 

Vie de Napoléon, par Stendhal, R.292 (1) Rés., folio 1
Vie de Napoléon, R.292 (1) Rés., folio 1

 

Stendhal, l’ancien serviteur du régime impérial nommé consul de France à Civitavecchia, célèbre sans arrière-pensée « l’être le plus grand qui ait paru depuis César ».

 

Mémoires sur Napoléon, mention de Stendhal extrait du manuscrit Vie de Napoléon, R.288 (1) Rés., folio 2
Vie de Napoléon, R.288 (1) Rés., folio 2 recto

«                     »