L'enfance

Marie-Henri Beyle

 

Stendhal, de son vrai nom Marie-Henri Beyle, naît à Grenoble, le 23 janvier 1783, du mariage de Chérubin Beyle et de Henriette-Adélaïde Charlotte Gagnon. Il voit le jour au second étage d’une maison située rue des Vieux Jésuites, aujourd’hui rue Jean-Jacques Rousseau, au nº 14.

 

Appartement natal d’Henri Beyle, R.299 (2) Rés., folio 65 verso
Appartement natal d’Henri Beyle
Vie de Henry Brulard, R.299 (2) Rés., folio 65 verso

 

Sa famille occupe un rang honorable dans la société grenobloise, son père étant procureur puis avocat au Parlement de Grenoble. Il est le frère aîné de deux sœurs, Pauline, sa préférée, née en 1786, et Zénaïde-Caroline née en 1788.

 

Pauline Beyle (1786-1857), Musée Stendhal, n°23
Pauline Beyle (1786-1857), Musée Stendhal, n°23

 

Zénaïde-Caroline Beyle (1788-1866), Musée Stendhal, n°24
Zénaïde-Caroline Beyle (1788-1866), Musée Stendhal, n°24

 

Deux événements marquent fortement son enfance. Le premier, d’ordre familial, est la disparition de sa mère en 1790, alors qu’il n’a que sept ans. Le second, d’ordre historique, est, à Grenoble en 1788, la journée des Tuiles, prélude aux événements de la Révolution française.

 

À peine sa mère adorée disparue, Stendhal est confronté à un précepteur austère et raide, l’abbé Raillanne, qui, avec l’accord paternel, lui interdit tout contact avec des camarades de son âge, qu’il s’agisse de travail ou d’amusement.

 

Abbé Raillanne (1756-1840), Musée Stendhal, n°65
Abbé Raillanne (1756-1840), Musée Stendhal, n°65

 

Une maladresse que Stendhal ne pardonne pas à son père et lui fait écrire, cinquante ans plus tard : « Ils ont emprisonné mon enfance dans toute l’énergie du mot emprisonner. Ils avaient des visages sévères et m’ont constamment empêché d’échanger un mot avec des enfants de mon âge. » (Vie de Henry Brulard).

 

Heureusement, la famille maternelle de Stendhal joue un grand rôle dans son éducation. Si sa tante Séraphie, sœur de sa mère, lui laisse de mauvais souvenirs, il voit en sa grand-tante Elisabeth un exemple plein de vertus. Mais son amour et sa reconnaissance vont à son grand-père, le Dr Gagnon, dont la maison devient un refuge.

 

Henri Gagnon (1728-1813), Musée Stendhal, n°41
Henri Gagnon (1728-1813), Musée Stendhal, n°41

 

Le Dr Gagnon possède une vieille maison, très bien située dans Grenoble, sur la place Grenette. Dans ce vaste appartement sur deux étages, vit, après la mort d’Henriette Gagnon, une famille élargie. Le grand-père maternel loge ses petits-enfants Henri, Pauline et Zénaïde-Caroline, son fils Romain et sa sœur Elisabeth.

 

Place Grenette à Grenoble, Vh.479
Place Grenette à Grenoble, dessin d'Alexandre Maugendre, Vh.479

 

Appartement Gagnon, Vie de Henry Brulard, R.299 (1) Rés., folio 247 verso
Appartement Gagnon
Vie de Henry Brulard, R.299 (1) Rés., folio 247 verso

 

Prêtre, amis du grand-père, artisans et serviteurs, créent un mouvement continu qui enrichit l’environnement du jeune garçon. N’étant pas autorisé à jouer avec les autres enfants, ni à sortir librement, c’est de la treille qu’Henri observe la bonne société grenobloise qui se donne rendez-vous au Jardin de Ville. Il lui arrive même en rentrant de ses cours de dessin d’y faire un tour, malgré les interdictions et les punitions. C’est également depuis les fenêtres de l’appartement que le jeune garçon assiste à la journée des Tuiles.

 

La treille, Vh.190
La treille, aquarelle de P. Vignal, Vh.190

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